La bibliothèque des Chiroux va-t-elle traverser la Meuse ? La Province de Liège y croit : après avoir déposé une fiche Feder pour la construction d’un nouveau bâtiment dans le quartier d’Outremeuse et l’aménagement de ses abords, elle a provisionné, dans son budget extraordinaire 2015, 3,25 millions d’euros pour l’achat des 5.000 mètres carrés nécessaires à l’édification de ce complexe culturel d’une surface utile totale de 11.000 mètres carrés. « Nous avions déjà, lors du précédent appel Feder, introduit un dossier pour rénover l’actuelle bibliothèque mais notre demande avait été refusée au titre, justement, qu’il s’agissait d’une réfection et non d’une nouvelle construction », précise le député provincial en charge de la culture, Paul-Emile Mottard. Si cette nouvelle demande de financement bénéficie d’un meilleur accueil, le projet provincial pourrait constituer l’électrochoc dont le site de Bavière et plus largement le quartier d’Outremeuse ont cruellement besoin. Près de 30 ans après le départ des médecins et du personnel de l’ancien hôpital pour la Citadelle, le site a en effet du mal à s’inventer un avenir.
Après avoir changé de propriétaire à plusieurs reprises, la friche est depuis 2012 aux mains de la société Bavière Développement, une foncière créée pour 30 % par Thomas & Piron Bâtiment, pour 30 % par Batipont (groupe CFE) et pour le solde par UrbaLiège, une société conjointement créée par le fonds de pension Ogéo et par le groupe Bam. L’idée est d’y construire un ensemble de 500 logements, de commerces, bureaux et équipements collectifs. Un complexe qui pourrait jouxter la nouvelle faculté d’architecture dont rêve l’ULg afin de regrouper les étudiants aujourd’hui répartis entre l’ancienne caserne Fonck et les auditoires de la rue Fush, près du jardin botanique.
La nouvelle infrastructure, si les fonds européens lui donnent vie, devrait être bien plus qu’une bibliothèque. D’un prix de 40 millions (auxquels il faut ajouter six millions pour l’aménagement des abords), elle est qualifiée de « pôle culturel et économique » : « La bibliothèque en elle-même accueillera neuf pôles : bande dessinée, théâtre, littérature, musique…, précise Paul-Emile Mottard. Ces disciplines seront moins compartimentées qu’elles le sont aujourd’hui, il y aura une vraie transversalité. L’objectif est aussi d’inaugurer sur le même site une maison de la création, un lieu où les artistes pourront travailler et se rencontrer, un laboratoire d’idées. De même qu’une pépinière d’entreprises spécialisées dans le numérique et à ce sujet, la proximité de Saint-Luc est évidemment un atout. »